Poste aérienne

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Aérophilatélie
    En août 1919, le CENAC (Comité d’Études pour la Navigation Aérienne au Congo) tente de réaliser une ligne aérienne entre Kinshasa et Stanleyville. Ce comité fut relayé par le SNETA (Syndicat National pour l’Étude des Transports Aériens,ensuite Société Nationale pour l’Étude des Transports aériens). A titre d’essai les avions transportaient tant le courrier que les passagers et leurs bagages. Le 9 février 1920, un avion de la SNETA survolait le Stanley Pool, le 22 février deux avions parcouraient la première section de ce qui allait devenir la première section de la ligne Roi Albert, mieux connue sous le nom de LARA.

    La ligne aérienne était divisée en trois sections : Kinshasa – Bolobo - Gombe (580 km), Gombe - Coquilhatville - Mobeka - Lisala (635 km) et Lisala – Stanleyville (535 km). Le service régulier débuta le 1er juillet 1920 entre Kinshasa et Gombe, fut prolongé jusqu'à Lisala le 1er mars 1921 et jusqu'à Stanleyville le 1er juillet 1921. Ce service régulier fonctionna jusqu’au 7 juin 1922. Le SNETA estima que l’objectif était atteint et que l’on pouvait créer une ligne aérienne commerciale gérée par la SABENA (en voie de constitution).

    Des timbres spéciaux, dits timbres avion, ont été émis par le Ministère des Colonies pour être apposés sur la correspondance transportée par avion. Si ces timbres ont reçu valeur légale par l’arrêté ministériel du 2 août 1921, ils sont en vente depuis le 1er juillet 1920 dans les bureaux de poste du Congo et du 22 juillet dans les principaux bureaux en Belgique.
    En plus des tarifs ordinaires, il est appliqué, au départ une surtaxe à acquitter en timbres congolais, de 3 F par 20 gr ou fraction de 20 gr quelle que soit la distance à parcourir par l’avion.


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Ixelles (06.09.1921) - Kinshasa - Stanleyville
Tarif : 0,25 F (lettre) + 3 F (surtaxe aérienne)
Cette lettres a, semble t'il, été affranchie au tarif international or, à partir du 1er avril 1920, il existe un tarif spécial applicable aux correspondances expédiées au Congo.

 

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23.07.1920
Tarif : 0,15 F (lettre) en timbres belges + 3 F (surtaxe aérienne) en timbres congolais
Le timbre belge a été omis et remplacé par un timbre congolais, le facteur belge n'a pas taxé la  lettre

 

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Anvers 15.09.1920
Tarif : 0,15 F (
lettre) + 0,25 F (recommandation) en timbres belges +
3 F (surtaxe aérienne) en timbres congolais

    Le 30 août 1920, le vice-gouverneur général M. RUTTEN porte à la connaissance du public que la ligne aérienne Roi Albert est exploitée sur la section Kinshasa (N'Dolo) – Coquilhatville avec escales à Kwamouth, à Bolobo, à Lukolela et à Gombe. Le nombre de départs, dans chaque sens, est de deux par mois avec intervalle de quinze jours environ : l’un des départs mensuels de Kinshasa a lieu le lendemain du jour de l’arrivée du courrier d’Europe par les malles belges Albertville et Anversville.
Les correspondances et les colis postaux sont transportés par avion aux conditions ci-après :
        1° Affranchissement au tarif ordinaire en timbres-poste du Congo belge ;
        2° Taxe supplémentaire de 30 centimes représentée en timbres-poste de la Colonie, pour le service d’express ;
        3° Taxe spéciale de 2,50 F par poids de 20 grammes ou fraction de 20 grammes, à représenter en timbres-aviation.
    Les correspondances peuvent être soumises à la recommandation et faire l’objet d’une demande d’avis de réception moyennant payement des taxes spéciales prévues pour ces opérations.
    Les envois confiés à la poste aérienne doivent porter la mention apparente « PAR AVION » et autant que possible être remis au guichet d’un bureau de poste.
    La remise à domicile de ces correspondances s’effectue par porteur spécial dans toutes les localités où le service de distribution à domicile fonctionne.
    Comme dit plus haut, le service de la LARA est suspendu et un ordre de service du 3 août 1922 précise qu’il ne faut plus vendre les timbres de la Poste aérienne et que seul Bruxelles 1 peut continuer à les vendre.
Les timbres sont donc retirés de la vente en septembre 1922 et remis en vente vers le 4 juillet 1925 pour satisfaire aux besoins de la ligne Casablanca–Toulouse.
    De 1923 à fin 1925, les bateaux de la Compagnie belge maritime du Congo font escale à Casablanca ce qui permet au courrier d’utiliser depuis juin 1925, la ligne aérienne Toulouse – Casablanca où il retrouve le paquebot.
   En effet on peut lire dans L’Avenir colonial belge du 25 juin 1925 que les correspondances pour l’Europe expédiées par les paquebots belges pourront bénéficier du transport par avion de Casablanca à Toulouse moyennant le payement des taxes supplémentaires :
Jusque vingt grammes : 50 centimes. De vingt à cent grammes : un franc. Par cent grammes ou fraction excédent : 50 centimes. Maximum par objet : quinze cents grammes. Taxes supplémentaires à représenter en Timbres aviation Congo belge.
    Les premières expéditions pourront être effectuées par le paquebot Thysville.

    L’utilisation de cette voie aérienne fut de courte durée, car la ligne est prolongée jusqu’à Dakar dans le courant de juillet 1925 ce qui ne permet plus au courrier d’emprunter cette ligne.
    Néanmoins le 10 octobre 1925,  le service Toulouse – Casablanca – Dakar est réorganisé. D’après le nouvel horaire, une lettre du Congo belge expédiée par avion de Dakar arrive à Toulouse le samedi précédant l’arrivée du bateau belge à La Pallice ; elle bénéficie d’une avance de 3 jours sur une lettre acheminée par les moyens ordinaires.
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    Il incombe alors à la SABENA - constituée en 1923 - d'exploiter de manière régulière des lignes aériennes au Congo belge.

    Le 25 avril 1925, la première section de Kinshasa à Luebo, longue de 850 km, est inaugurée par la SABENA. Elle dessert les centres de Kwamouth, Bandundu, Ilebo (qui deviendra plus tard Port Francqui) et Luebo. L'escale de Bandundu permettra de desservir le district du Kwango et celle de Luebo desservira tous les domaines des importantes sociétés du Kasaï. Un avion part de 3 en 3 semaines le vendredi qui suit l’arrivée au Pool du courrier d’Europe. Provisoirement toutes les correspondances indistinctement bénéficient de ce départ, sans surtaxes.
  

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Lettre ayant emprunté la ligne Dakar-Casablanca, partie de Léopoldville le 16 août 1926 pour arriver à Limoges le 8 septembre.
 Tarif : 1,25 F (lettre) + 1,25 F ( recommandation) + 2,50 F (surtaxe aérienne)

  D'autre part, les travaux d'infrastructure de la 2e section Luebo - N'Gule, (également 850 km), se poursuivent activement. Elle sera jalonnée par les centres de Dibaya, Kanda Kanda, Kamina et Bukama. A cette dernière escale, la correspondance avec la liaison fluviale reliant le Katanga au Tanganyika et à Stanleyville sera assurée. Cette deuxième section fut inaugurée le 9 février 1926 et, à partir de cette date, il devint possible de se rendre de Bruxelles à Élisabethville en 23 jours par des voies exclusivement belges.
    Le 7 mai 1926, la ligne Léopoldville - N'Gulé était prolongée jusque Boma, les 375 km séparant cette ville de Léopoldville étant couvert en moins de 2 heures et demie de vol. Le 20 mai 1927, la ligne Boma -  Élisabethville est inaugurée. Les lettres sont admises à dater du 8 juin 1926 et les autres correspondances à dater du 10 novembre 1926.
    La ligne aérienne Léopoldville – Boma a été supprimée du 1er avril 1931 au 1er juillet 1932 en raison de la crise économique.
    Deux embranchements se greffent sur l'axe Bas Congo - Katanga :
Luebo - Tshikapa mis en exploitation le 14 décembre 1927 ;
Luebo - Lusambo mis en exploitation le 17 avril 1928 et prolongé le 1er janvier 1929 jusqu'à Kabalo.
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    Ce n’est qu’à partir du 1er janvier 1928 qu’une nouvelle surtaxe aérienne en service intérieur est instaurée.
 

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Lettre de Paris XI vers Léopoldville (06.07.1929)
A dater du 1er janvier 1928 la surtaxe aérienne est ramenée à 1,50 F.

A partir de 1930, le service va en s’amplifiant.
Lors des premiers vols des marques commémoratives ont été apposé sur le courrier.
 
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Les Vols

1920
15 février. Kinshasa (Léopoldville)-Bolobo ; vol d’essai par SNETA.
1/3 avril. Kinshasa-Gombe et retour ; vol d’essai par SNETA.
1/3 juillet. Kinshasa-Gombe land retour ; vol régulier par SNETA.
1921
1/5 mars. Kinshasa-Gombe service prolongé jusque Lisala.
1/8 juillet. Kinshasa-Lisala prolongé jusque Stanleyville.
1925
25 avril. Kinshasa-Luebo via Bandundu ; service régulier.
1926
10 janvier. Lusambo—Kabalo ; vol d’essai en correspondance avec le chemin de fer Kabalo-Albertville.
9/12 février. Inauguration de la ligne "Roi Albert", Léopoldville – Luebo – Kanda – Bukama - N'Gule.
12/13 février. Vol retour de la ligne Roi Albert.
7 mai. Boma-Léopoldville ; (suspendu le 2 avril 1931 pour un temps et puis réactivé).
1927
20 mai. Ligne Roi Albert prolongée de N'Gule à Elisabethville.
14 décembre. Luebo-Tshikapa.
1928
17 avril. Luebo-Lusambo.
20 mai. Léopoldville-Coquilhatville.
1929
1 janvier. Lusambo-Kabalo. (Interrompu en janvier 1930).
1930
8 juillet. Libenge-Léopoldville service régulier.
1931
20 février. Bandundu-Stanleyville.
8/10 avril. Léopoldville-Stanleyville et retour.
1932
5/10 avril. Coquilhatville--Stanleyville et retour. Premier vol direct.
1935
23 février. Bruxelles-Léopoldville (28 février) via Marseille, Alicante. Oran, Colomb Bechar, Reggan, Gao. Niamey, Zinder. Fort Lamy, Fort Archambault, Bangui et Coquilhatville, en correspondance avec les vols intérieurs.
4 mars. Vol retour
15 novembre. Bruxelles-Elisabethville où la correspondance avait lieu avec la compagnie française "La Régie Malgache" pour le Mozambique et Madagascar.
23 novembre. Elisabethville-Bruxelles.
1936
14 août. Léopoldville-St. Paul de Loanda et retour ; vol spécial.
2 septembre. Libenge-Léopoldville par l’avion Bruxelles-Léopoldville faisant escale pour la première fois à Libenge ; a été obligé de se poser près du lac Tumba ; le courrier est arrivé à Léopoldville le 6 septembre.
25 octobre. Bruxelles-Stanleyville-Elisabethville, durée du trajet réduite à 5 jours.
23 décembre. Libenge-Léopoldville, service direct.
1937
13 octobre. Libenge-Bumba ou Stanleyville ; premier courrier utilisant la ligne Bruxelles -Elisabethville.
1938
20 novembre. 100 e vol Belgique – Congo.
25 novembre. 100 e vol Congo-Belgique.
1939
1 janvier. Belgique-Congo, nouvel itinéraire via Alger et El Golea en place d’Oran et Reggan.
7 janvier. Congo-Belgique, nouvel itinéraire via El Golea et Alger en place de Colomb Bechar et Oran.
25/26 octobre. Léopoldville-Kikwit-Tshikapa et retour.
30 octobre/1 novembre. Prolongement de la ligne Léopoldville-Kikwit-Tshikapa jusque Luebo.
27/30 novembre. Léopoldville-Stanleyville-Irumu-Costermansville-Usumbura et retour ; vols d’essai.
23 décembre. Inauguration du service régulier.
1940
13 février. Usumbura-Entebbe en correspondance avec Imperial Airways desservant l’Europe ; arrivé à Bruxelles le 28 février.
14 février. Marseille-Congo ; également premier vol Europe - Costermansville. Retour le 21.
1941
14 (?) mars. Léopoldville-Elisabethville-Johannesburg.
1942
28 janvier. Léopoldville-Le Cap.
? octobre. Léopoldville-Pointe Noire-Libreville-Lagos.
1944
13 septembre. Léopoldville-Lagos-Casablanca-Londres.
1945
8 juillet. Léopoldville -Bruxelles ; reprise après la guerre.
14 juillet. Bruxelles-Léopoldville ; reprise après la guerre.
1946
24 février. Bruxelles-Lagos-Léopoldville en 25 heures. Retour le 27 février.
1947
18 juin. Bruxelles-Le Caire-Juba-Stanleyville ; nouvel itinéraire. Retour le 21 juin
1948
26 juillet. Léopoldville-Matadi et retour.
1950
15 mars. 1.000è vol Belgique Congo

La S. A. B. E. N. A. en Afrique durant la seconde guerre mondiale.

        La liaison Belgique - Congo, inaugurée en 1935, est interrompue lorsque les Allemands envahissent la Belgique le 10 mai 1940. Seule la liaison Bruxelles- Soreham en Grande-Bretagne fonctionne encore quelques jours.

        Après des consultations avec la France, la Sabena est autorisée à établir la tête de ligne à Marseille. Les avions belges étaient dirigés pour la plupart vers la Grande-Bretagne où ils servaient le « Transport Command ». Quelques autres furent dirigés vers l’Algérie pour être mis à la disposition du Ministère français de l’air.

        Le 27 juin 1940, tous les avions belges furent réunis à Alger et Oran. Un mois après les autorités françaises de Vichy firent don des avions de la Sabena à l’Italie en accord avec les conditions du cessez le feu. Huit avions étaient concernés : un D C 3, trois Savoia S 83 et quatre Savoia S 73. Le personnel composé d’environ 40 personnes fut renvoyé en Belgique. Quelques-uns décidèrent de rester en Algérie et quelques autres s’enfuirent vers la Grande-Bretagne.

        Au Congo, la Sabena utilisait avant-guerre des avions de fabrication allemande : Junkers 52s et Fokker VIIs. Cette situation engendrait un grave problème de maintenance et d’approvisionnement de pièces de rechange. Chance supplémentaire, le bateau français Brazza qui transportait une grande quantité de pièces de rechange fut coulé par un sous-marin allemand.
        Au même moment, les alliés demandèrent aux autorités belges du Congo d’établir des relations aériennes entre l’Afrique occidentale et Le Caire via Léopoldville. Il était urgent pour la Sabena de se procurer d’autres avions. Deux Lockheed 18s, commandés par la compagnie française « Air Afrique » furent acquis par la Sabena. Par la suite, en 1943, l’administration américaine accorda cinq autres avions. Deux Lockheed 14s, propriétés d’Air Afrique, effectuant la liaison entre Madagascar et Dakar (Sénégal), firent une escale technique à Élisabethville en septembre 1940. Les deux avions furent confisqués et les pilotes internés. Ces pilotes furent échangés, le 15 février 1941, à la frontière nord du Nigeria sur la route Zinder Kano contre les quatre derniers membres de la Sabena détenus en Algérie : deux pilotes, un ingénieur et un mécanicien.

        En 1943, une réserve de pièces de rechange pour les avions d’origine allemande, Junkers et Fokker, fut trouvée en Libye après la retraite des troupes du Maréchal Rommel.
Les lignes aériennes :

        A la fin de 1940, une ligne régulière relie Élisabethville au Caire et deux autres sont créées rapidement : Stanleyville – Bangui – Takoradi - Lagos – Accra et Stanleyville – Khartoum – Le Caire.
        En juin 1941 une ligne relie Le Cap à Léopoldville via Élisabethville, la Rhodésie du Nord et du Sud et Johannesburg en Afrique du Sud. Finalement, en octobre 1942, une ligne relie Léopoldville à Lagos via Pointe-Noire, Libreville et Douala. Rapidement ces vols deviennent bihebdomadaires.

        Durant les années de guerre la Sabena transporte une quantité énorme de matériel et d’armes ainsi que des milliers de militaires non seulement pour les forces alliées mais également pour le contingent de la Force Publique engagé en Abyssinie en 1941, au Nigeria en 1942 et au Moyen-Orient en 1943 et 1944.
        En 1944, une liaison entre la Colonie et le Gouvernement belge à Londres devint nécessaire et une nouvelle liaison fut inaugurée le 13 septembre 1944 entre Léopoldville et Londres via Lagos, Casablanca et Lisbonne.

        A la fin de la guerre le réseau de la Sabena en Afrique était passé de 5 000 km en 1940 à plus de 32 000 en 1945. En coséquence de nombreux avions de la Sabena étaient millionnaires de kilomètres parcourus.

        Le déplacement de la tête de la ligne de Bruxelles à Marseille en 1940 explique pourquoi quelques plis purent arriver au Congo malgré l'interruption des relations postales en mai 1940. La correspondance provenait de France était censurée uniquement par les Allemands. Il n’y avait pas de censure en France non occupée à cette époque.
        Comme Stanleyville était le point de départ de la ligne vers le Moyen-Orient, la correspondance destinée ou en provenance des troupes stationnées en Égypte ou en Palestine  était censurée à Stanleyville.
        La même explication peut être donnée pour tout le courrier à destination ou en provenance des pays situés au Nord du Congo. Ces correspondances étaient censurées au Congo mais également dans les colonies françaises ou britanniques suivant les divers vols provenant du Congo belge.
(d'après E. Hoorens BCSC n°109)